Jean Grosjean
Canti
Da: La lueur des jours - Gallimard 1991
Trad genseki
Scorre il ruscello
Da Huanne, da Puessan,
Sfiora le rocce
Canta
Intuisce un cielo
Tra gli alberi.
Brillano sotto gli alberi
I suoi mulinelli
Le ombre degli alberi
Tremano alla sua fuga
Come un cielo di giugno
Come una digitale
*
Vago lungo i salici
L’anima lungi dagli uomini
Vado lungo un’onda
Che riempie il cielo di salici
Le iole che l’onda tocca
Derivano tra il cielo
Ma non lungo i cielo
*
Il cielo è quasi bianco
I prati profumano di melissa
Il ruscello scorre.
Di fronte sulla collina
L’accampamento degli Assiri
Si scorgono i loro fuochi.
Si odono i loro cavalli.
Nitrire. Li trattengono.
Certo hanno degli ordini.
Il loro dio non è onnipotente.
*
L’edera è lo splendore
Del cielo sulla terra.
Se lo schiaccio coi piedi
M’inebria il suo odore.
Gli dei la cui faccia
Era il nostro cielo
Hanno lasciato per traccia
L’edera sola..
*
Mezzogiorno. Settembre.
Lontano canto di un gallo.
Un melo si piega
Tranquillo sotto il suo carico.
Nei campi nessuno.
Ê domenica.
Frammenti di paglia brillano
Sul sentiero.
Brume dorate danzano
Sull’orizzonte.
Gli uccelli tacciono
Ai margini del bosco, dietro
Un fremito di foglie
*
La casa nera
Inclinata verso l’albero
Ascolta la brezza
Dire alla notte
Le foglie che dormono
Nell’odore.
La finestra nera
Spia i raggi
Che la luna lascia
Al bordo delle nuvole
Quando le nuvole nascondono
La luna.
Se prendono coraggio
I soffi
Una persiana debolmente
Batte contro il muro
E fa voltare
Tra le foglie
L’uccello che dorme.
*
Chants
Le ruisseau coule
de Huanne, de Puessans.
Il effleure les roches
et il chante.
Il devine un ciel
à travers les arbres.
Sous les arbres luisent
ses remous.
Les ombres des arbres
tremblent sur sa fuite
comme un ciel de juin
comme une digitale.
Je rôde le long des saules.
Mon âme est loin des hommes.
Je vais le long d'une onde
qu'emplit le ciel des saules.
Les îles que longe l'onde
dérivent parmi le ciel.
Mes pas le long du ciel.
Le ciel est presque blanc.
Le pré sent la mélisse.
Le ruisseau passe.
Sur le coteau d'en face
campent les Assyriens.
On voit leur feux.
On entend leurs chevaux
hennir. Ils les retiennent.
Sans doute ils ont des ordres.
Leur dieu ne peut pas tout.
Le lierre est la lueur
du ciel sur la terre.
Si mes pieds le foulent
son odeur m'enivre.
Les dieux dont la face
était notre ciel
n'ont laissé de trace
que le lierre.
Le ciel sous mes pieds
si mes pieds l'écrasent...
Les dieux n'ont laissé
que le ciel.
Midi. Septembre.
Un coq chante au loin.
Un pommier ploie
tranquille sous sa charge.
Personne aux champs.
C'est dimanche.
Les pailles brisées brillent
sur le chemin.
Les brumes dorées dansent
sur l'horizon.
Les oiseaux se taisent
aux lisières, derrière
un frémissement de feuilles.
La noire maison
penchée vers l'arbre
écoute la brise
dire à la nuit
les feuilles qui dorment
dans l'odeur.
La noire fenêtre
épie les lueurs
que laisse la lune
au bord des nuées
quand les nuées cachent
la lune.
Si s'enhardissent
les souffles
un volet faiblement
bat la muraille
et fait se retourner
dans le feuillage
l'oiseau qui dort.
*
Extrait du livre de poèmes LA LUEUR DES JOURS
Editions Gallimard 1991